Monsieur Yoshida Michio, Université de Kumamoto – JANSI, Tokyo.
Fukushima est une catastrophe nucléaire majeure. De nombreuses dissimulations et autant de mensonges ont ralenti voire empêché les Japonais de prendre la juste mesure de la situation, avant que des éléments de vérité ne permettent à l’opinion publique de franchir le point de non-retour de la colère sociale. Le Japon, pays pourtant réputé – à tort ? – dépolitisé, s’est réveillé : manifestations, mobilisations sociales, opérations coup de poing, pamphlets, critiques, cris, colère… L’opposition parfois violente au nucléaire a réveillé la combativité de tout un peuple. Résultat : en quelques semaines, un gouvernement est tombé, de puissants leaders ont été limogés, et l’ensemble du parc nucléaire – 54 réacteurs – a été mis à l’arrêt pour une durée indéterminée. Les conséquences ont été radicales, tant au niveau économique que politique ou social : le pays a perdu du jour au lendemain environ 30 % de son énergie électrique ; la gauche, malgré sa victoire historique en 2009 après 50 ans de domination de la droite, a été écartée du pouvoir – sans doute pour longtemps ; des modes de vie alternatifs sont apparus un peu partout dans l’archipel – comme le courant de la slow life ; des mouvements migratoires sont progressivement apparus entre le nord et le sud, officiellement pour des raisons familiales ou professionnelles – officieusement pour fuir le nuage radioactif puis les risques plus diffus de contamination. Retour sur le scénario difficile d’une catastrophe inévitable.
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